Course olympique où on voit une des personnes qui devance les autres pour gagner la compétition.
Développement de carrière

Compétitions sportives pour un bon développement

Entraîneur spécialisé dans la performance sportive d’athlètes de haut niveau, Luc Tremblay, Président et entraîneur-chef, Tremblay Sport Performance inc., me partage son avis en tant qu’expert sur les éléments clés de succès dans la pratique d’un sport ainsi que les bienfaits et les risques des compétitions sportives dans notre vie.

 

D : Que signifie le mot « compétition » pour toi ?

 

Luc : Que ce soit pour un athlète ou non, ce mot ramène souvent à un point culminant « le jour J ». Cette journée durant laquelle nous nous comparons aux autres. Il s’agit de la finalité de plusieurs mois et même années d’entraînement, d’efforts et de sacrifices. L’objectif n’est pas nécessairement de monter sur un podium mais la personne ou l’athlète cherche à se dépasser en participant à des compétitions.

 

D : Mes principaux souvenirs liés à des compétitions sportives se résument principalement à un tiraillement entre le plaisir d’y participer et la peur de l’échec. Pourquoi ce tiraillement ?

 

Luc : Je me rappelle lorsque j’étais plus jeune, des médailles et des trophées étaient remis uniquement aux gagnants alors que maintenant, il y a souvent des médailles de participation. Cette remise de médaille à tous vise à démontrer qu’il n’y a pas que les premiers qui sont gagnants.

Les jeunes, doivent apprendre que l’échec n’est pas mauvais. Fail fast and move on!  L’échec est une étape qui nous amène vers autre chose de meilleur.

 

D : Comment peut-on apprendre davantage à partir de nos échecs sportifs ?

 

Luc : Lorsque nous vivons un échec, il est possible d’utiliser différentes méthodes d’analyse pour découvrir la cause de ce qui s’est passé. Nous déterminons ensuite qu’est-ce qui pourrait être mis en place pour s’améliorer la prochaine fois. Ce processus permet de prendre du recul par rapport aux derniers événements pour en arriver avec des décisions plus objectives. L’analyse régulière des échecs vécus à la suite de compétitions sportives permet de mieux comprendre notre environnement.

À travers la pratique d’un sport, individuel ou en équipe, on apprend comment dealer avec des échecs. Ces apprentissages peuvent ensuite facilement être transposer dans notre vie personnelle et professionnelle. Il est donc normal et constructif de vivre des échecs.

 

D : Aurais-tu un exemple concret à nous donner pour démontrer concrètement les bénéfices de faire l’analyse d’un échec?

 

Luc : Oui bien sûr! Plus jeune, j’ai joué au hockey. Pendant cette période, j’ai eu l’opportunité de représenter Montréal dans un tournoi provincial qui avait lieu en Abitibi. Pour créer l’équipe, un ou deux joueurs seulement par arrondissement était sélectionnés. On était fiers d’être les meilleurs pour représenter notre région. On se pensait tous bons.

Après dix heures de route, on a joué notre premier match et perdu 10 à 1. Les joueurs des autres régions patinaient autour de nous comme si nous n’étions pas là.  Je me souviens avoir vu mon père chuchoter à notre coach : « les autres patinent par en arrière deux fois plus vite qu’eux en avant ». Puis, nous perdons notre deuxième match 11 à 0. Un échec majeur pour notre équipe et chacun de nous. L’égo dans cette situation a pris tout un coup!

Après le tournoi, nous avions prévu un souper spaghetti. Je peux vous dire que nous n’avions pas trop la tête à aller manger des nouilles ce soir-là. Je me souviendrai toujours du discours de notre coach qui a commencé en disant :

Vous pouvez être fiers de vous! Notre aréna est partagée avec tous les quartiers, ce qui nous donne seulement deux ou trois heures de glace par semaine versus les joueurs d’Abitibi qui s’y entraînent douze à quinze heures. C’est normal! Vous êtes les meilleurs joueurs de l’île de Montréal!

Ce discours correspond à l’analyse qui a été fait de notre échec. Si nous n’avions pas eu cette discussion, les répercussions de cet événement auraient probablement pu être dommageables. Grâce à cet échange, nous avons tous vécu cette expérience plus favorablement.

 

D : Quels sont les bénéfices et les risques de participer à de nombreuses compétitions sportives avant l’âge adulte?

 

Luc : Pour un jeune, il est bon de participer à plusieurs compétitions sportives mais pas trop parce que le monde dans lequel nous vivons est composé en grande partie de compétitions. Qu’il s’agisse de la cote R au cégep ou de l’entrée sur le marché du travail, nombreuses sont les situations représentant une forme de compétition dans notre quotidien.

Lorsque l’environnement est sain, c’est bénéfique de participer à des compétitions sportives.

 

À l’inverse, lorsque le jeune vit le rêve de ses parents et n’aime pas vraiment son sport, il y a des risques qu’il garde des séquelles psychologiques négatives. Par exemple, quand les joueurs d’équipes sportives entrent dans le monde élite comme les doubles lettres pour le hockey, c’est un autre monde. Un des problèmes potentiels, c’est que la compétition ne se passe plus seulement sur la glace mais aussi dans les estrades. Malheureusement, l’attitude des parents changent parfois rendu à un certain niveau alors que pour les jeunes, le stress passe beaucoup par ce qui est véhiculer à la maison. Pour ce genre de situation, les risques de nuire au développement psychologique d’un jeune sont très élevés.

De façon générale, il y a plusieurs bienfaits de participer à des compétitions sportives à un bas âge. Par exemple, il est possible d’apprendre à mieux contrôler ses émotions. En plus d’améliorer la forme physique, la pratique de sports développe plusieurs aspects psychologiques. Puisque les stratégies du jeu ne se passent pas seulement sur papier et par des calculs de statistiques, l’aspect psychologique compte pour beaucoup. Prenons l’exemple d’un match de tennis lorsqu’un joueur a perdu ses deux premiers sets et réussi à remonter le pointage lors des sets suivants pour finalement gagner le match, souvent trois heures plus tard. Tout se passe dans le contrôle de soi et de ses émotions.

 

D : Lors de mes matchs de tennis, j’ai remarqué que certains de mes adversaires s’isolait du reste du monde, sans même me saluer.  Pour moi, ces matchs étaient souvent les plus déplaisants. À ton avis, est-ce une tactique valable pour me distraire ou une attitude pouvant lui nuire à plus long terme ?

 

Luc : D’abord, tous les compétiteurs voient leur adversaire comme un ennemi. Ça dépend souvent de la personnalité des personnes. Plus souvent, nous pouvons remarquer cette attitude chez les jeunes qui considèrent trop sérieusement ces événements compétitifs.

À mon avis, c’est une attitude qui doit être corrigée le plus rapidement possible. Être un bon joueur est aussi important qu’être un bon perdant. Plus on participe à des compétitions et plus on réduit la probabilité que cette situation se produise. Prenons d’exemple d’un enfant qui n’a jamais serré la main durant un de ces matchs et qui devient vendeur une fois sur le marché du travail. Il risque probablement d’avoir de la difficulté à entrer en contact avec ses clients. Il vaut mieux avoir une attitude positive durant les compétitions puisque cette attitude se reflètera par la suite dans diverses situations personnelles et professionnelles.

 

D : Quel élément principal fait la différence entre un sport que je pratiquerai à long terme et celui que je pratiquerai seulement quelques fois puis que j’abandonnerai ?

 

Luc : La question à se demander est : Qui a fixé tes objectifs ? Si les objectifs t’ont été imposés, tu n’auras pas le contrôle sur la gestion des attentes puisqu’ils ne viennent pas de toi. Dans cette situation, la pratique du sport peut rapidement devenir déplaisante si tu n’arrives pas à rencontrer les objectifs fixés.

Pour augmenter les probabilités que tu aies du plaisir durant la pratique d’un sport, tu dois t’assurer de fixer tes propres objectifs. Ça doit venir de toi!  Pour bien les définir, ils doivent être « SMART » c’est-à-dire Spécifiques, Mesurables, Atteignables, Réalistes et Temporels.  En respectant ces conditions, tu gères tes objectifs et tes attentes et non pas ceux des autres.

 

D : Après ce tour d’horizon sur les éléments clés de succès dans la pratique d’un sport ainsi que les bienfaits et les risques des compétitions sportives dans notre vie, qu’est-ce que tu aimerais que nous retenions ?

 

Luc : La pratique de sports, individuels et d’équipe, accélère le développement personnel de chaque personne, enrichie notre éducation et facilite notre expérience sur le marché du travail. J’ajouterais qu’il est aussi important de participer à des activités culturelles et dans les arts puisque d’autres aptitudes et compétences complémentaires y seront développées. En voulant se dépasser, apprendre à mieux connaître ses propres limites et donner le meilleur de soi dans le sport et les arts, certains comportements se reproduiront instinctivement dans notre vie personnelle et professionnelle.

Que ce soit en étant seul à performer sur un terrain de golf, de tennis ou encore en équipe sur scène lors d’un concert de musique, personne ne peut faire mieux que ce qu’il fera. Le résultat sera toujours proportionnel à nos efforts. Il est important d’adopter une approche positive, axée sur les apprentissages constructifs et le plaisir du sport sera au rendez-vous.

 

À bientôt!

Andréanne


Auteure : Andréanne Leduc, CPA

Engagée à promouvoir des opportunités de développement personnel et professionnel.

Article composé à partir d’une entrevue effectuée avec Luc Tremblay, Président et entraîneur-chef, Tremblay Sport Performance inc.


AVIS D’EXPERTS ET RESSOURCES

Performance : pour passer à l’action

Rester motivé et actif passe par notre nutrition