Descente en ski - Championnat canadien - Andréanne Savard
Dépassement de soi

Trouver sa voie grâce au ski alpin

Petite fille de Laval, dont les parents se passionnent pour le ski alpin, c’est à deux ans qu’Andréanne Savard enfile des skis pour la toute première fois. Au sein d’une équipe élite, elle se rend au championnat canadien où tous la voient comme le meilleur espoir pour devenir la prochaine championne… mais la situation tourne autrement. Elle nous raconte son histoire, les décisions qu’elle a dû prendre, les défis rencontrés et les apprentissages qu’elle tire de cette grande expérience de vie.

 

Mes débuts, ma passion

Le ski alpin a toujours été une passion familiale qui s’est transmise de génération en génération. J’ai eu la piqure très jeune, mais il faut dire que je bougeais énormément. Aucun soir de libre parce que j’avais plusieurs activités, c’était juste normal. Ce qui m’a même beaucoup aidé à l’école puisque j’ai dû m’organiser.

Pour faire du ski alpin, je devais souvent passer mes fins de semaine dans le Nord. J’ai manqué plusieurs fêtes d’amis. Mon plus grand défi a été d’organiser mon temps pour ne pas négliger mes relations amicales parce que je faisais du sport.

Vers 8 ans, j’ai décidé de me consacrer au ski alpin, puisque ça avait toujours été ma passion. Ma famille et moi avons dû faire plusieurs sacrifices pour que je puisse pleinement pratiquer mon sport. J’ai commencé à skier au Mont Olympia puis j’ai dû choisir une autre montagne parce que le mont n’avait plus ce que je recherchais au niveau performance.

Donc, j’ai changé d’équipe de compétition et joint celle du Mont St-Sauveur. J’y ai laissé mon équipe, des amis et mon père qui y travaillait également. Ce fût une période de séparation difficile, mais qui en a valu la peine puisque j’y ai passé quatre belles années de ma vie d’athlète. Je me rappelle de m’être qualifier pour les Championnats Provinciaux. Remplie de fierté, j’allais représenter ma région. Pendant cette même période, je me suis aussi qualifié pour les Championnats Canadiens pour la toute première fois. Ces participations venaient de me prouver que j’étais prête pour passer au prochain niveau.

 

Mon aventure dans l’équipe élite

Voyages de ski alpin - chaise remonte pente de skiEn 2014, j’ai joint l’équipe élite de la Division Laurentienne de ski alpin avec laquelle je pratiquais le slalom, le slalom géant et le super géant. Cette année-là représente l’un des plus grands sacrifices de ma vie. J’ai skié plus de 180 jours par année. L’entraînement était intense et exigent. Les journées passées à la maison se faisaient rare. J’ai dû manquer plusieurs journées d’école parce qu’on allait skier au Chili, en France, dans l’Ouest canadien par exemple.

J’ai adoré voyager et visiter autant de coins de pays. Cependant, ce n’était pas toujours une partie de plaisir. Je devais prouver aux enseignants et directeurs de mon école que j’étais capable pour qu’ils me permettent de partir. Je devais donc avoir un dossier scolaire irréprochable en tout temps.

La plupart des jeunes dans mon équipe allait dans une école secondaire sport-étude, mais pas moi. J’avais décidé de rester avec mes amis. Pour la direction de mon école, j’étais une exception.

Je faisais tout ce que je pouvais pour réaliser ce que je voulais dans mes conditions, c’est-à-dire réussir à tous les niveaux: performer en ski tout en pouvant voir mes amis et avoir de bons résultats scolaires. Tout un défi!

Pendant ma première année dans l’équipe élite, j’ai fait partie des quatre meilleures du Canada. Même si je n’avais jamais aspiré à faire carrière en ski alpin, mon chemin semblait se tracer en cette direction. Lors de ma deuxième année dans l’équipe, la situation s’est corsée. J’avais énormément de pression. Je m’entraînais plus que les autres. J’avais des cibles de performance à atteindre et plusieurs entraîneurs qui me suivaient. Mes parents dépensaient aussi énormément d’argent. Même si ce n’était pas dit, les attentes de bons résultats étaient présentes. Cette pression devenait difficile à gérer.

 

Le jour ‘J’

Lors du Championnat canadien, plusieurs avaient espoir que je sois la meilleure. Une descente allait décider de mon sort. La piste débutait par un plateau pour ensuite s’incliner avec des pentes qui devenaient de plus en plus difficiles. J’étais hyper confiante. J’avais eu un excellent départ.

Tout allait bien jusqu’au moment où l’un de mes skis se détache. Assise en plein milieu de la pente de ski, je savais que je venais de rater l’occasion de devenir la meilleure du pays. Devant tous les spectateurs présents à cette journée, devant ma famille, mes entraîneurs, je me suis écroulée. Ma saison complète avait été mauvaise. La pire saison de ma carrière. J’étais tombé de nombreuses fois durant mes compétitions. Les problèmes avec mon équipement avaient été récurrents et ce, malgré les centaines de tests effectués.

J’avais de la difficulté à vivre avec ces imprévus. J’essayais de tout contrôler, même l’incontrôlable comme la température. Puis je me suis essoufflée. J’étais constamment déçue de mes performances parce que je n’arrivais pas à tout contrôler. Ce fût un passage difficile pour lequel j’ai dû prendre du recul. Finalement, j’ai réalisé que j’avais énormément appris de cette expérience.

 

Apprentissages, apprentissages et apprentissages

Quand j’ai commencé à faire plusieurs sports en même temps, j’ai dû planifier les moments pour étudier et m’entraîner. J’ai toujours utilisé un agenda pour planifier mes journées. Même au primaire, j’évaluais ce qui était le plus pressant pour organiser mon temps. Très jeune, j’ai développé des aptitudes en planification et en gestion du temps. Je devais m’organiser parce que je voulais tout faire. Alors, je priorisais. Ces aptitudes m’ont été très utiles, une fois au sein de l’équipe élite. Je devais bien prévoir et répartir mon temps entre les entraînements et les études puisque je voulais performer sur les deux plans.

Faire partie de l’équipe élite m’a fait grandir comme personne. Sur le camp d’entraînement, j’étais avec les mêmes personnes à tous les jours. De par ma nature un peu timide, j’ai toujours eu un peu de misère à aller vers les autres. Là, je n’avais pas le choix. J’étais complètement en dehors de ma zone de confort. Nous étions un petit groupe de six. Entre nous, il s’est créés des liens tissés serrés même si ce n’était pas toujours facile. Pendant cette période, j’ai développé mon caractère et mon autonomie. Nous devions nous organiser et être à notre affaire. C’était sérieux.

 

Succès ou échec?

J’ai beaucoup voyagé pour pratiquer mon sport. J’y ai découvert différentes cultures. Je suis très heureuse d’avoir atteint ce niveau professionnel en ski. Cependant, pour moi, au sein de l’équipe élite, c’était trop. Après mon résultat au Championnat canadien, j’ai pris le temps de réfléchir à ce qui venait de se passer. J’ai réalisé que je ne savais plus ce qui me motivait à skier ni pourquoi j’aimais ça. J’avais perdu la raison de ma passion. Cette période fût difficile, mais le temps m’a permis de mieux comprendre. J’ai réalisé que je n’étais pas à ma place. Je n’avais plus de plaisir à participer aux compétitions avec l’équipe élite.

Aujourd’hui, avec un peu de recul, je suis heureuse d’avoir vécu cette situation qui peut paraître comme un échec aux yeux de plusieurs. Pour moi, il s’agit d’un grand succès.

 

Mes réflexions de laisser l’équipe élite se sont faites graduellement. Lorsque j’ai été approché par l’entraîneur-chef des carabins, ma décision s’est confirmée. J’ai finalement changé d’école pour commencer un programme sport-études. J’ai laissé l’équipe élite. Au début, j’ai vécu beaucoup d’insécurité face à ma décision puisqu’elle confirmait que je mettais fin à ma carrière en ski. J’ai repris confiance en me disant que je faisais le bon choix de privilégier mes études.

J’ai recommencé à m’entraîner avec une nouvelle équipe de ski : Les Carabins de l’Université de Montréal. J’ai rencontré un entraîneur exceptionnel qui est malheureusement décédé aujourd’hui. Je le remercie encore de m’avoir transmis et fait vivre sa grande passion pour le ski. Grâce à lui, j’ai retrouvé le plaisir de skier. J’ai obtenu mes meilleurs résultats de compétitions avec Les Carabins.Podium championnat collégial RSEQ de ski alpin - Première place pour Andréanne Savard

En quatre ans, j’ai été, à plusieurs reprises, championne au Championnat provincial collégial. J’ai finalement trouvé le type d’entraînement qui me convient et le bon équilibre pour réaliser tout ce que je veux dans la vie.

Participer à l’équipe élite de ski alpin reste ma plus grande expérience de vie jusqu’à présent. Merci à mes parents pour leur support à chacune des étapes que j’ai dû franchir et surtout pour leur respect de toutes mes décisions.

Je ne serais pas la même personne si je n’avais pas fait partie de cette équipe. Je suis autodidacte, extrêmement forte pour trouver des solutions et pour développer des stratégies afin que tout fonctionne à ma façon, selon mes besoins et mes valeurs.

 

Et maintenant, que me réserve l’avenir…

J’ai toujours eu plein de projets. Je participe à de nombreuses activités. Je suis impliquée dans ma communauté. L’été, je suis membre bénévole de la garde côtière auxiliaire canadienne avec qui j’assures la prévention et la sécurité des cours d’eau au fédéral. L’hiver, je patrouille les pentes de ski au Mont St-Sauveur pour faire la prévention et maintenir la sécurité sur les pistes. En général, je veux tout faire en même temps. C’est ce que j’aime.

J’ai réalisé que lorsque j’ai du temps de libre, je procrastine. J’attends à la dernière minute pour étudier. Je ne suis réellement pas aussi efficace. Puisque je ne m’entraîne plus autant que je le faisais avec l’équipe élite, j’ai un risque de procrastiner davantage. Alors, je charge mon agenda avec toutes mes activités et du temps que je me réserve. Plus mon horaire est rempli avec ce que j’aimes faire, plus je deviens efficace pour ce que je dois faire. Je sais que si je ne le fais pas au moment prévu à mon horaire, je n’aurai pas d’autre temps pour le faire une autre fois.

Récemment, j’ai été accepté en médecine. Ce fût le plus beau jour de ma vie. Il s’agit d’un nouveau départ, d’un nouveau projet, que je vais poursuivre pour les cinq prochaines années de ma vie.

Découvre une foule de trucs et de conseils dans cet article : Mieux se connaître pour mieux s’orienter.

 

À bientôt!

Andréanne


Auteure : Andréanne Leduc, CPA, CA

Engagée à promouvoir des opportunités de développement personnel et professionnel.

Article composé à partir d’une entrevue effectuée avec Andréanne Savard.


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